Colossale mise en scène collective, impliquant tous les habitants de Cerqueto, la crèche vivante a été conçue par Don Nicola Jobbi à la fin de 1966, à l’issue de conversations menées avec d’autres prêtres de la région et avec les administrateurs de Pietracamela, village dans lequel elle devait initialement se réaliser. Les désaccords concernant les aspects organisationnels ont poussé le curé à proposer la mise en scène de la Nativité à Cerqueto, où l’enthousiasme et la participation de la population locale ont favorisé le succès de la première édition et, dans les décennies, l’affirmation de l’initiative et l’enrichissement de l’installation scénique, du texte narré, de la bande-sonore.

D’après le témoignage de Don Jobbi, la première Vierge fut choisie par Roberto Leydi, lorsque celui-ci se rendit pour la première fois au village le jour de l’An de 1966 rencontrer le curé et faire des enregistrements avec Diego Carpitella.

La crèche vivante est devenue au fil du temps un moment d’identification communautaire avec les événements de l’histoire sacrée qui vont de la Création à l’Avènement du Christ et à l’Adoration des Rois mages, dans un cadre unique qui transfigure le panorama naturel en un lieu mythique, inspiré, la montagne étant d’ailleurs un lieu enclin à la révélation religieuse, un espace de projection idéal pour l’interprétation biblique.

Saint Joseph, la Vierge, les anges et les bergers, le Seigneur Créateur et les Trois Sages, les soldats avec Hérode, sont donc incarnés chaque année par les habitants, qui vivent un processus d’identification cyclique avec les personnages-clés de la narration.

Le nom même que la communauté a attribué à la Crèche les premières années trahit l’ambivalence d’un événement caractérisé par des éléments religieux tout en étant vécu comme une représentation profane. Ou, à l’inverse, il s’agit d’une mise en scène théâtrale qui acquiert, dans son développement, les fonctions d’un véritable rituel façonnant la communauté sur la base d’une histoire exemplaire vécue à la première personne, comme un gigantesque rite de passage et d’annonce d’un nouveau monde : « Le Mystère de la Nativité – Manifestation sacrée-folklorique », aujourd’hui définie également « représentation religieuse historique ».

Les évêques du diocèse de Teramo ont d’ailleurs présidé de nombreuses éditions, donnant leur bénédiction ; « À Cerqueto, pour une nuit, c’était comme à Bethléem », ont titré les journaux locaux. L’enfant, identifié(e) avec le Roi des Cieux, est effectivement choisi(e) parmi les nouveau-nés du village. L’étable de la Nativité – une grande hutte construite sur place et visible tout au long de l’année – est donc située à Cerqueto et y reste fermement enracinée. La crèche accueille les bergers de Cerqueto, qui assistent à la naissance de « Jésus » avec leurs moutons et chèvres.

Même les sons contribuent à relier une histoire sacrée, universelle dans le monde chrétien, à la vie particulière du lieu ; ce fut Don Jobbi, avec la collaboration de Bruno Misantoni et Federico Mastrodascio, qui enregistra les cris d’animaux sauvages du jardin zoologique de Rome pour les reproduire comme éléments sonores de l’apparition des premières formes de vie dans la scène de la Création, avec le bêlement d’un troupeau de moutons enregistrés dans la montagne de Cerqueto.